Avec LUMIERES NOIRES sillons, le lac, et LUMIERES DE VERRE, tel un archéologue, j’explore et gratte les surfaces, pour mettre à jour ces instants passés, (re) découvrir les souvenirs.
Je fige ces traces, ces cicatrices, certaines sensations rythmées ou lentes, précises ou incertaines. Je parcoure les chemins de ce labyrinthe complexe qui se noient dans l’Immense étendue de matière du lac noir de la mémoire. Se retrouvent dans les circonvolutions, légères ou superposées, des sillons sur toile, ou dans la fausse transparence du verre, révélés, éclaboussés par la lumière changeante ou se refermant dans la lourde obscurité de l’oubli.
Tout participe à ces perceptions. Brillance ou matité, couleurs et noirs, lisse et relief, huile ou cire, toile légère, panneau de bois dur et rigide, ou sur le verre. Alchimie entre ces différentes matières épaisses et colorées, agrégats des noirs d’os ou de fer, malaxés aux huiles cuites ou noires, aux essences entêtantes d’aspic, de térébenthine, ou de cire.
Mais la matière ne peut plus alors être passée uniquement avec de simples pinceaux ou brosses. On ne peut plus peindre de la même manière. Cette nouvelle remise en question oblige alors à tout ré inventer. Créer ses propres outils (Grattoirs, racloirs, lame métallique, plexi taillé sur alu, brosses, etc.). En détourner d ‘autres (Barre de seuil, raclette de carreleur, règles métalliques plates, …) …
Mais je reste un peintre polymorphe, poursuivant mes recherches sur la mémoire et la matière. Dans ce vaste champ des abstractions, je perpétue les techniques anciennes dans ma peinture contemporaine, pour garder le savoir, les traces de nos illustres anciens, et permettre une vraie pérennité à mon travail.
La mémoire nous joue de sombres tours…
Comme elle, la lumière fait apparaître, par des reflets changeants, mes souvenirs qui glissent alors dans ces stries formées, ces traces ou cicatrices. Au gré de cette lumière capricieuse ou tamisée, l’empreinte du passé apparait alors, disparait, ou s’efface, refermant l’accès à mon (votre) histoire.
Serge Tenèze,